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Épisode 18 : Retour à bord de l'Urocyon avec quelques flashback
==== Épisode 18 : Retour à bord de l'Urocyon avec quelques flashback ====
 
Épisode 18 :
 
Le groupe profitait de répit (quelques minutes après départ dragon). Vent léger dans mes cheveux. Poussière retombe. Crépuscule passé. Je serre toujours Alexis. Les autres ont commencé à s’écarter pour nous laisser tranquille. Alexis semble plus décontracté. Je continue le câlin. J’entends Hypéria discuter avec quelqu’un plus loin. Le vent souffle doucement. 5 minutes de câlin, avant qu’Alexis dessert son emprise, puis me repousse légèrement en me tenant par les épaules, avec de la gêne qui commence à apparaître fugacement. Je baisse les yeux. Il tourne sa tête en direction des dragons avec un air indéchiffrable/neutre. Je le contemple les regarder, avant de suivre son regard. Je n’entends rien, mais pourrais presque distinguer deux formes se détachant dans le lointain parmi les nuages.
En baissant les yeux, j’ai vue sur quelqu’un qui semble être Eva. Alya et Jean semblent discuter. Les gens semblent disposés selon un cercle autour de nous, comme pour nous laisser en intimité. Hypéria discute avec des Hybrides insectes ailés. Je regarde Alexis à nouveau, qui me regarde moi, avant de regarder autour. Je continue de le regarder quelques instants des pieds à la tête, pour m’assurer qu’il va bien. Il a son oreille retournée, la fameuse. Je souris en la voyant, mais je n’y touche pas. Il regarde cette fois dans la direction de Mara et Julie, cette dernière étant assise immobile par terre. Je me remémore alors ce qu’elle a fait, et le fait qu’Alexis aurait probablement été mort sans son intervention. Mara tient une boule de lumière. Je sens une boule de colère enfle en moi. Julie a l’air sonnée. Alexis hume l’air, me regarde, puis regarde Julie, avant de lancer « c’est elle qui m’a réveillé, c’est ça ? ». Je reste silencieux quelques instants, mon expression est plus pincée. Puis, sans prévenir, je saisis d’un coup Alexis par le col, en tirant mon épée de son fourreau pour la lui coller sous le cou, avant de lancer sur un regard de colère froide et vive : « Plus JAMAIS tu me fais ça. ». Cinq secondes plus tard, je lâche son col, range mon épée et me lève pour m’éloigner en direction d’Hypéria sans un regard pour Alexis. Je sens alors que quelque chose a saisi le bas de mon haut avant que j’aie pu faire le moindre pas. Je tourne la tête, toujours un peu froid. Je vois deux yeux plein de larmes qui me fixent, avec des gouttelettes qui commencent à perler sur ses joues. Il tente de se relever pour faire quelque chose, mais n’y parvient pas et retombe sur ses genoux. Je me retourne pour le saisir rapidement par les bras pour l’aider à se relever rapidement. Je n’arrive pas à échapper à l’énorme câlin qu’il me fait en me prenant dans ses bras en commençant à hoqueter et à pleurer en ayant posé sa tête sur mon épaule. Il « chiale sa mère », dixit le MJ.
Je le reprends dans mes bras. Il pleure beaucoup. Je le serre encore plus dans mes bras. Le gens nous regardent. Les larmes me viennent aussi, je pleure doucement. Eva ne nous regarde pas, Jean reste pensif en nous contemplant. Ma sœur nous regarde avec inquiétude. Julie se tient le visage. Mara lui touche le dos de façon compatissante. Les hybrides insectes sont occupés à autre chose, et Hypéria nous tourne le dos. Alexis pleure comme un grand bébé. 10-15 minutes plus tard, les pleurs se transforment en petit hoquets, et un petit regard émerge de mon épaule. Je me contente juste de lui refourrer la tête contre mon épaule. Il renifle. Je regarde le lointain. Je laisse filer encore quelques minutes. Il me lâche encore un « pardon ». Je retiens mes larmes avec dignité. Quelques minutes plus tard, il renifle et dit « il s’est passé plein de trucs, trop vite ». Et continue de me regarder en ayant écarté sa tête de mon épaule et en me tenant par les épaules. J’acquiesce de la tête en tournant mon regard vers lui. Plus trop envie de l’engueuler.
Il semble hésiter à dire un truc. Je fais un signe de tête pour l’encourager à le dire.
 
« t’as dû rien comprendre, en fait. »
Je reste silencieux quelques instants, avant de répondre.
« J’ai rien compris du tout. »
Il a un petit sourire mi-mi-figue mi-raisin.
« Enfin, si, j’ai bien compris qu’on a failli te perdre, j’ai vu un bâtiment te tomber dessus. »
« Mon cœur s’est arrêté de battre un moment »
 
Ses mains se serrent sur mes épaules, léger piquant des griffes.
Il finit par murmurer « j’aime pas quand tu t’inquiète pour moi ».
J’émets aussi un sourire mi-figue mi raisin, et il me dit « Je vais essayer de faire un peu plus attention ».
Il regarde autour de lui avec un air pensif avant de dire « ils étaient en train de tout détruire ».
Mon regard se perd vers le lointain des endroits démolis, cachés par la nuit. Quelques insectes se déplancent avec des lampes au loin.
 
« Pourquoi ? »
Je finis par lâcher ça.
« Pourquoi est-ce qu’ils sont venus ? »
Alexis baisse les yeux après m’avoir jeté une lueur interrogative.
« Parce que … j’ai eu peur. »
 
Je fronce les sourcils avant de le regarder à nouveau. Alexis a les yeux dans le vide, comme s’il n’était pas là.
 
« Pourquoi ? »
 
« Parce que… parce que c’était trop comme avec Boris. »
 
Je lâche un aïe quand ses griffes entrent dans mes épaules.
 
« Oups désolé. »
 
Je le reprends dans mes bras rapidement.
 
« Désolé, c’est ma faute. »
 
« Pourquoi c’est ta faute ? »
 
Je laisse un silence gêné, puis murmure : « J’aurais pas dû montrer mon épée. »
 
Il ne semble pas comprendre. Je réfléchis. L’histoire de « comme avec Boris » me perturbe. Alexis semble ne pas avoir compris ce que j’ai dit.
 
« Et c’était trop comme avec Raylos, trop comme avec la caravane… et juste trop en fait. »
 
Il pleure encore un peu, avec sa tête contre la mienne. Il me serre un peu plus fort. Je serre aussi plus fort, restant dans mes pensées.
 
Je finis par murmurer : « Tu penses qu’il nous voulait vraiment du mal, ou… ? »
 
Je parlais de Sylarp, je précise après question d’Alexis. Il ne sait pas. Je reste dans mes pensées.
 
Je finis par m’écarter doucement, et déclarer qu’il faut aller voir Hypéria. Il acquiesce d’un petit oui de la tête, et me suit. On va doucement vers Hypéria. Elle semble observer le lointain en se tenant de manière stoïque. Elle se tourne d’un quart de tour sans bouger les pieds en nous entendant approcher, avec sa neutralité habituelle dans les yeux.
 
J’oublie sans m’en rendre compte de la saluer dignement.
Je reste à côté d’elle sans rien dire. Elle finit par se tourner complètement vers nous et par nous regarder tous les deux.
 
Quelques secondes d’échanges de regards. Puis elle pose une main sur nos deux épaules avant de lancer « arrêtez de me regarder comme ça, sinon vous allez me faire pleurer. »
 
Puis elle ajoute avec une larme qui pointe « je suis très fière de vous deux. »
 
Je tourne mon visage vers le lointain derrière elle. Je me sens mal, parce que j’ai l’impression qu’au contraire c’est moi qui ai provoqué ce désastre. Elle semble le voir sur mon visage. Elle pose un genou à terre et me regarde dans les yeux, une main sur mon épaule.
 
« Célestin, laissez moi vous dire quelque chose que m’a dit mon père il y a bien longtemps. Ce n’est pas à ses erreurs que l’on juge un héros, mais à ses actions dans les moments décisifs. Et… je ne pense psa que quiconque aurait pu piloter un planeur comme vous l’avez fait. »
 
Puis elle me passe une main dans les cheveux. Je me demande si elle croit que mon erreur concerne le pilotage, mais je ne dis rien.
 
« C’est quand j’ai sorti mon épée que tout a dérapé. »
 
Alexis complète en déclarant ce qu’il a vécu lui, sur la peur. Quand Hypéria semble comprendre, il semble soulagé qu’elle le sache et qu’il n’aie désormais plus à le dire à quelqu’un d’autre. Je serre plus sa main que je n’avais pas lâchée (on avait tous les deux oubliés). Elle demande si on a envie de se reposer à l’Urocyon (qui est posé au loin, 10 minutes à pied). Je ne me sens pas du tout fatigué, étonnamment. Je dédaigne de la tête, Alexis me regarde avec un petit sourire. Je finis par demander avec hésitation ce qu’on va faire pour … euh… « tout ça ». Je pointe la nuit autour, en essayant de désigner les bâtiments détruits.
 
Elle ne sait pas. On repartira le lendemain à l’aube, elle va parler avec Sylarp pour comprendre ce qui s’est passé. Elle pense qu’il faut retourner voir la prêtresse éphémère avant de repartir.
J’acquiesce de la tête pour la dernière proposition. Pour la partie sur Sylarp, je me suis un poil crispé et ma main s’est serré dans celle d’Alexis.
 
Je finis par aller voir ma sœur, rapidement. Je la serre dans mes bras, elle me tape la tête doucement. Puis elle me prend par les épaules en me demandant si ça va.
 
Je ne sais pas si je veux lui dire que les tartes aux pommes de Trucmuche me manquent.
 
Je finis par dire. « Je crois que ça va mieux. »
 
Elle me sourit. « Même si j’ai pas encore tout compris », je finis par ajouter.
Elle redouble de sourire. Jean et Eva nous regardent gentiment.
 
Eva me regarde avec un air particulièrement intéressé. Je fronce les sourcils en la contemplant. En fait elle regardait mon épaule, il y a une limace dessus. Je finis par faire un petit câlin à la limace avant de hausser les épaules.
 
Je me dirige vers Julie. Elle a l’air fatigué, elle a la tête sur les mains et les bras sur les genoux. Mara souffle à côté, en regardant le ciel avec fatigue. Elle m’a vu arrivé depuis longtemps. Elle se tourne vers Julie et lui dit quelque chose alors même que j’ai à peine fait un pas. Julie regarde dans notre direction. Je m’accroupis devant, et je pose une main sur son épaule et je lui dit merci. Elle posa sa main sur ma main avec un gentil sourire, et un petit crépitement sur ma main qui désormais est détendue (je ne savais pas qu’elle était tendue). Alexis reste planté à côté. Julie se lève. Elle semble avoir la force de se lever, cette fatigue est particulière. Elle regarde Alexis et lui demande si ça va. Il finit par lâcher « oui oui ». Et elle se tourne vers moi pour demander la même chose.
 
« çaaaaa… mieux. »
 
« et toi ? » J’ai lâché plus tard.
 
Son regard semble se perdre.
 
« Je… crois que faire cette sortie avec vous a fait une grosse journée. »
 
Mara s’est écartée pour nous laisser discuter entre jeunes.
 
J’émets un petit rire jaune. Je me dis que c’est comme ça à chaque fois.
 
Elle dit qu’elle va avoir besoin de dormir pendant trois jours. Alexis s’en excuse.
S’ensuit un silence gêné. La limace Eos commence à essayer de grimper dans mes cheveux. Je prends la limace et la replace sur mon épaule. Cela fait sourire Julie.
 
Plus tard, on part en direction de l’Urocyon quand Hypéria s’y dirige aussi. Le ventre d’Alexis gargouille, il me regarde avec un sourire gêné. Il y a des choses qui ne changent pas.
 
On arrive à l’Urocyon. Sur place, Jasper est occupée à crier des instructions dans un des systèmes d’échanges du vaisseau, et déclare qu’on arrive. Puis elle donne des instructions à plein de gens et a l’air heureuse de nous revoir. Elle ne dit rien, mais on sait. Hypéria se tient droite et demande à Jasper de lui donner les infos. Hypéria se dirige vers la cabine de pilotage. Je regarde Alexis. Il semble réfléchir à où il veut aller. Je me dirige vers la cabine de pilotage aussi. Je me dirige vers Tora. Je laisse Hypéria lui parler, en attendant mon tour.
 
« Capitaine Tora », d’une voix soulagée de la part d’Hypéria.
Elles discutent de la capacité du bousin à décoller. Mais les dégats sont minimes, Jack a fait des prouesses. Hypéria demande à se diriger vers la prêtresse éphémère.
 
Tora nous félicite pour l’atterrissage. Je pointe la direction où est le planeur inférieur et le lui indique. Elle sait. Je hausse les épaules face à ses félicitations, ce qui la désarçonne un peu. Mais Alexis acquiesce.
 
Elles parlent de Mirdragon, mais Hypéria veut se reposer avant. Discussion autour du fait de boire un thé entre les deux femmes.
 
Enfin, le ventre d’Alexis gargouille quand on nous demande si on a des infos à communiquer. Il lève la main, et déclare qu’il a un peu faim. Je m’esclaffe. Les deux femmes rient aussi un peu. Ils vont distribuer des rations. (on a visiblement tous sauté deux repas).
 
On va manger dans notre chambre pendant le décollage de l’Urocyon. Jaipur apporte repas, fatigué mais content de nous voir. Il semble se retenir de nous prendre dans ses bras, donc je lui fais moi un câlin. Alexis nous rejoint pour un câlin collectif. (il a un regard admiratif et soulagé) Loïc passe derrière pour nous regarder avec un chariot avec un air stoïque.
Je lui fais un signe de tête avec un sourire. Il regarde ailleurs.
 
Jaïpur reprend son service.
 
 
Trois heures plus tard.
On descend de l’Urocyon, sur la place où on était autrefois. Plein de gens avec des lumières partout. L’endroit semble en partie désolé.
 
Chitineux scutigère véloce. On est rejoints par Krashi et Ximiuj, qui sont avachis et immobiles face à la situation.
 
Je pose ma main sur leurs épaules, et demande si ça va. Krashi ne bouge pas. Ximiuj tourne la tête vers moi, ses mandibules bougent mais aucun son ne sort. Puis il hoche la tête. Et il pose une main sur l’épaule de Krashi. Hypéria est sortie et marche tout droit.
Je dis que je reviens et je vais suivre Hypéria. Alexis finit par rester avec les deux après hésitation.
Hypéria s’approche de quelqu’un et demande après la princesses éphémère, tout en compatissant à la situation. Le scarabée lui pointe une direction, une orbe de lumière à la main. C’est l’arche qu’on avait visité au tout début. On s’y dirige. Le pont est toujours là, mais le dessus/plafond n’existe plus, éclat d’ambre au sol. Tout le monde est silencieusement occupé.
 
Hypéria ralentit pour prendre conscience de l’impact. Le dôme est à moitié cassé, mais il y a le plus de lumière. Au sol, des débris dégagés et poussés. Le centre voit une dizaine d’hybrides insectes dont des abeilles et quelques autres d’autres espèce. Je suis surpris de voir quelqu’un qui me fait beaucoup penser à Raylos. Je crispe la main sur la garde de mon épée. Tout le monde est à genou devant à la fois des inscriptions en miel, et au milieu… la prêtresse éphémère semble allongée au sol, des orbes lumineuses posées à côté. Hypéria reste debout et contemple. En la contemplant, j’ai l’impression (à tort) qu’elle a l’air bien, juste en train de dormir. Je me réjouis presque qu’elle soit en vie (échec critique en jet d’observation).
 
Hypéria pose genou à terre et murmure être désolée à un des hybrides. Il déclare en retour qu’elle est encore là, qu’elle attend. Je m’avance à hauteur d’Hypéria, pour entendre mieux et voir mieux.
Hypéria n’ajoute rien pour l’instant.
Au bout d’un moment, je murmure « elle attend quoi ? ». Légère surprise dans l’assemblée, tout le monde semble me regarder. TOUT LE MONDE. Même la prêtresse éphémère m’a regardé.
 
« Vous... »
 
Elle a murmuré ça. L’hybride à côté de moi me dit d’approcher, elle n’en a plus pour très longtemps. Je m’approche de façon hésitante. Je pose un genou à terre, en étant à côté de sa tête.
 
Sa tête ne bouge plus, ses yeux voilés ne me regardent pas.
 
« vous… ça va ? », j’ai lancé d’une voix hésitante.
 
Elle répond « La mort fait partie du don de la vie… vous n’êtes pas là pour me poser des questions à mon propos, voyageur. »
 
« Je suis là pour quoi ? », je demande.
 
Une de ses mains semble se diriger vers la mienne. « Il y a trop de réponses à cette question. Par le destin, par hasard, par choix. »
 
Je ne comprends pas.
« Que s’est-il passé ? »
 
« Aramos et Atamos sont venus plus tôt que ce que j’attendais. Je vais mourir, jeune voyageur. »
Choc dans ma tête.
« Mais… mais pourquoi ? »
 
« Il n’est pas là… votre ami ? »
 
« Alexis ?! Il est dehors, vous voulez lui parler... »
 
« Nous n’aurons pas le temps… il les a appelés. »
 
« Qu’est-ce qu’on doit faire pour réparer ça ? »
 
« Vous n’avez rien à réparer, voyageur, pas plus que votre ami. Que les dragons aient répondu à son appel est la plus belle chose qui me soit arrivé, de toute ma vie. »
 
Je demande pourquoi.
 
« Car c’est là le chemin… nécessaire. Pour sauver tout le monde. Votre parcours sera semé d’embuche. »
 
Après un léger silence, je dis :
 
« Vous saviez … que ça allait arriver, avec mon épée … et… ? »
 
Sa main tient toujours mon poignet.
 
« Je sais que des choses terribles vous sont arrivées, que des choses terribles vous arriveront, et arriveront à beaucoup de gens… ici, ailleurs. »
 
« Mais que devons nous-faire alors ? »
 
« Ne laissez pas l’adversité vous séparer. Ne laissez pas Vallus gagner. Ne le laissez pas absorber le monde dans le néant, dans l’anéantissement qu’il représente. Vous devez sauver le monde, peu importe le nombre de tentatives qu’il vous faudra. Vous devez vous rendre à Mirdragon. »
 
Je laisse passer un silence avant de dire « D’accord ? » sur une voix aïgue.
 
« Mais comment fera Vallus pour essayer de nous séparer ? »
 
Seul le silence me répond.
 
Je sens quelque chose pulser (là où elle est) puis s’éloigner (mais ce n’est pas physique). Puis ses yeux se voilent un peu plus. Et le vent fait bouger ses grandes elles. Elle n’a pas lâché mon bras.
 
Grand silence.
 
Je reste immobile et silencieux. Au moins deux minutes. Je laisse mon bras retomber, sa main me lâche comme une poupée désarticulée.
Les chitineux autour ont une mine prostrée. Je suis froid comme la pierre, et j’ai peut-être une larme. Je me lève pour revenir auprès d’Hypéria, qui me pose une main sur l’épaule sans quitter du regard la prêtresse éphémère. Les dix sont prostrés.
 
« Laissons-les, Célestin. »
 
Après un long silence et un dernier regard, je me tourne pour sortir. Toutes premières lueurs de l’aube qui apparaissent derrière la prêtresse éphémère.
 
Retour à l’Urocyon sans que j’aie vu le temps passer. Krashi, Ximiuj et Alexis sont assis par terre. Je m’assois devant eux avec un air avachi.
 
Krashi me regarde d’un air silencieux, et voyant mon humeur, baisse les yeux d’un air triste.
 
« Elle est partie. »
 
J’ai fini par le lâcher.
 
Ximiuj tombe « à genoux » les 6 pattes au sol, et Krashi ne sait pas trop comment réagir. Alexis a encore un air inquiet, s’étant remis debout à mon arrivée. Je finis par me relever et reprend Alexis dans mes bras. Ximiuj finit par se relever, et dire qu’il revient, il doit vérifier quelque chose.
 
Il revient 15 minutes plus tard. Il se pose pas loin.
 
Hypéria est restée accoudée et pensive au bord de l’Urocyon.
 
Ximiuj nous rejoint, nous tend une main et s’exclame « venez avec moi » sur un ton plus enjoué. Je suis surpris. Il prend Krashi par la main, et on le suit. Hypéria nous suit.
 
On reconnaît la tour, il manque un quart de la structure. Toutes les tours sont un peu brisées. Endroit où sol enfoncé. Mais on va entre différentes ruelles, et j’arrive à un endroit que je ne reconnais pas immédiatement. Un arbre.
 
Je suis.
 
Je reconnais enfin que c’est l’arbre sur lequel je me suis pété la figure. On se dirige vers lui, et on voit une cohorte de quelques abeilles qui arrive, qui en portent une autre d’ailleurs. Elles posent une abeille et restent à côté. Mais nous arrivons par un autre coté. Je continue de suivre Ximiuj. Il s’arrête en voyant l’abeille vivante qui est tombée à genoux devant l’arbre. Je regarde l’abeille en question. Je me crispe, c’est sans doute Sylarp.
 
Ximiuj se remet à avancer mais a ralenti. Alexis est passé à côté de moi. Et je suis resté immobile, planté à la vue de Sylarp. Alexis continue sans s’arrêter. Je lève une main vers Alexis, mais il ne peut la voir car je suis dans son dos. Je finis par me remettre à avancer pour essayer de le rattraper, et le prendre par le bras. Mais il valide d’un coup de tête qu’il avait bien vu. Je jette un regard d’incompréhension.
 
Sans comprendre, je finis par lâcher le bras d’Alexis.
 
Ce dernier vient vers Sylarp, et se met à genoux juste à côté sous mon regard choqué. Les deux se parlent. Puis Sylarp tourne sa tête, Alexis lui répond quelque chose, et les deux restent silencieux. Je me tourne vers Ximiuj. Il passe devant nous en tenant la main de Krashi, et les deux grimpent dans l’arbre. Sous le regard surpris d’Hypéria, qui a vu la plaque commémorative.
 
Dans le direction opposée à Sylarp, flash lumineux grimpe à l’horizon. Je finis par comprendre, et grimpe pas trop mal dans l’arbre à la suite des deux petits. Ils rigolent l’un avec l’autre et ont l’air content. Je grimpe jusqu’à la cime. Je n’ai jamais aussi bien grimpé. C’est satisfaisant. Soleil qui arrache aux ombre les premières lueurs de clarté du jour. Semble presque au côté de l’apicentre. Vent dans mes cheveux. Ciel dégagé. Mais fine ligne noire marquant l’Horizon. Ce qui m’évoque quelque chose de plus terrible que la désolation de ruchemonde. Je me remémmore les propos de la prêtresse. Soudain, je suis surpris en voyant la tête d’Alexis surgir juste derrière moi. Il me sourit. Et derrière lui, tandis que les nuages s’écartent, au loin dans l’horizon, perdue aux confins de ce que je peux voir ici, une ligne verticale, séparant le ciel en deux. Par temps dégagé, lorsque la tempête est calme, on peut voir Mirdragon, fine ligne qui semble ne jamais s’arrêter, ne jamais toucher le ciel.
 
Fondu en noir.
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